Cet article ne contient pas de spoilers
– En tant que journaliste, j’étais évidemment intriguée par la représentation du métier dans la série. Après, je ne connais ni le fonctionnement de la presse américaine, ni celui de la presse féminine (j’en ai entendu parler, mais je n’ai jamais eu aucune expérience dans ces deux domaines). La rédaction de Scarlet renvoi immédiatement à l’idée que l’on peut se faire d’un magazine féminin branché, ambiance start-up.
Que l’on se dise les choses clairement : ça m’a quand même tout l’air d’être idéalisé. Mais The Bold Type n’est pas franchement là pour traiter des malheurs de la presse. Même si c’est très intéressant de voir Jane, passée d’assistante à rédactrice, se questionner sur son boulot et sa crédibilité. Justement, elle, elle en a marre de l’image associée à la futilité qu’elle se paie en disant qu’elle bosse pour un magazine féminin. Alors qu’elle aussi, elle peut (et elle veut) traiter de sujet plus « sérieux » comme la politique. Car Scarlet, avec sa nouvelle direction, veut s’éloigner des magazines féminins classiques en mettant réellement les femmes au cœur des articles et pas juste « comment faire ceci pour plaire à un homme » ou « quels fringues les hommes veulent que vous portiez ». Donc la démarche de représenter cette rédaction idéalisée d’un magazine féminin, j’aime bien. Car j’aimerai vraiment que dans les faits, les choses se passent ainsi et que ça devienne même une norme.
– Car soyons sérieux deux minutes, Jacqueline Carlyle, rédactrice en cheffe (ou directrice générale, on ne sait pas trop) de Scarlett, c’est quand même la boss idéale non ? Sous ses faux airs de Meryl Streep dans Le Diable s’habille en Prada, se cache en réalité une cheffe attentive au bien-être de ses employés, à leur écoute, leur faisant la plus grande confiance et les poussant à se surpasser en les motivant au quotidien. Pas sûre que cela se passe comme ça dans toutes les rédactions (si les chefs connaissent votre nom c’est déjà bien), mais je trouve que c’est important de montrer ce genre de représentations, car il faudrait qu’elles existent partout !
– Mais venons-en quand même aux trois protagonistes principales que je trouve toutes attachantes et dans lesquelles j’ai pu reconnaître suivant certains aspects de leur personnalité…
- Jane Sloan : après des années en tant qu’assistante, Jane parvient enfin au poste de rédactrice qui la faisait tant rêver. Mais comme dit précédemment, elle se questionne beaucoup sur quel genre de journaliste elle veut être. Elle ne veut pas être mise dans une case et veut pouvoir toucher à tout ce qui l’intéresse. Intelligente, elle a un manque de confiance en elle assez évident. Du coup, je me suis pas mal reconnue dans son personnage pour ces raisons.
- Kat Edison : community manager pour Scarlet, Kat est à la pointe de la pointe. J’aime beaucoup son personnage, peut-être parce que j’ai déjà découvert l’actrice (Aisha Dee) précédemment dans Sweet/Vicious. En tout cas, j’ai beaucoup aimé ses questionnements. Car Kat se sent un peu perdue concernant sa sexualité. Des choses qu’elle pensait établies depuis des années sont remises en question avec une rencontre. Et les questionnements sur l’identité, ça me plaît toujours.
- Sutton Brady : c’est peut-être le personnage avec lequel je pensais avoir le moins de points communs et pourtant, c’est sûrement celui que j’ai préféré. Sutton est elle aussi assistante depuis un moment. Pour payer ses dettes universitaires, elle cherchait d’abord la stabilité avant de poursuivre ses rêves. Bien que tout ça pourrait être aussi remis en question chez Scarlet. J’ai vraiment aimé son ambition, sa détermination malgré son manque de confiance en elle. Finalement elle arrive à prendre les devants et à se dire : mais si, je suis capable de le faire et je suis compétente ! Elle est vraiment très attachante et drôle.
– S’il fallait choisir un mot pour définir The Bold Type, ce serait peut-être : EMPOWERMENT. La vie de nos trois héroïnes est parfois semée d’embûches, mais les choses se règlent souvent à leur avantage, c’est vrai. Le discours est positif, on veut nous montrer que les femmes peuvent réussir grâce à elles-mêmes uniquement et que se soutenir entre nous est aussi essentiel pour y parvenir. Scarlet pousse ses employées à donner le meilleur et les encourage en ce sens. L’amitié entre Jane, Kat et Sutton leur permet aussi de se soutenir les unes avec les autres. Bref, il y a un réel discours girl power tout au long du show, encore une fois peut-être un peu idéalisé, mais on s’en fout ça fait du bien !
– Et puis sous son air très frais et vraiment très adressé aux millenials, The Bold Type aborde vraiment des tas de sujets « touchy » et très importants.
- Avec Kat on a les questionnements sur l’identité et la sexualité. Mais de manière générale, on vient totalement dédramatiser la sexualité, avec le personnage de Jane également. T’as jamais eu d’orgasmes ? Et alors, c’est pas bien grave ! Tu ne serais finalement pas hétéro ? Ma foi, ce n’est pas un drame, au contraire. Cela raccordé à plusieurs scènes carrément cocasses entre les trois amies (je ne veux pas spoiler, mais ça implique entre autres un yoni egg) et vous avez un discours sex positiv qu’on aimerait entendre partout.
- Avec le personnage d’Adena aussi, on met en avant une femme queer musulmane. Et je trouve son personnage franchement bien construit et super intéressant. Adena El-Amin est une artiste badass. Elle est aussi voilée et elle explique en quoi être voilée et féministe ne pose aucun problème. Mais tout n’est pas rose de son côté et on met aussi en avant le racisme et le délis de faciès, l’immigration à travers son personnage. Mais surtout, elle n’est pas réduite à ça et un personnage comme le sien est tellement essentiel pour la représentation des racisés.
- Le cyberharcèlement est aussi dénoncé dans un épisode à glacer le sang, tellement la pratique est réaliste. Le tout à base de GamerGate et de grosses raclures misogynes dangereuses. J’ai vraiment trouvé que cette storyline était rondement menée et essentielle à mettre en avant.
- Et The Bold Type met en avant tellement d’autres sujet comme la maladie, le viol… À chaque fois c’est fait avec justesse et dans le plus grand respect des personnes concernées.
- Malgré tout, j’ai trouvé The Bold Type un peu hypocrite concernant l’épisode sur les seins censurés sur le net. On nous parle du foutage de gueule de censurer les seins des femmes sur Facebook et autre Instagram, mais pas les hommes. On nous dit que ce ne sont que des seins et que ce ne sont pas des objets sexuels. Pourtant, quand les protagonistes se retrouvent les seins à l’air : ces derniers sont censurés et on ne les voit jamais. Bon.
– Et quand je vous dis que The Bold Type est quand même pas mal idéalisé, c’est aussi du côté masculin. Ici, pas de mecs qui viennent mettre des bâtons dans les roues des nanas. Pas de gros lourdingues sexistes. Non, les personnages masculins sont principalement là pour soutenir les nanas et les aider dans leur réussite. Ils les tirent vers le haut plutôt que vers le bas. Même si attention, le sexisme n’est pas inexistant dans l’univers de The Bold Type (cf l’épisode sur le cyberharcèlement), mais il ne vient pas des proches de nos héroïnes, et un environnement safe, ça fait du bien.
– Sur la forme, on est vraiment dans la série calibrée pour « les femmes », en mode Gossip Girl ou Sex and The City. Avec jeunes héroïnes branchées et musique pop. C’est là que je trouve la démarche intéressante, car on reprend tous les codes de ses séries, en y ajoutant une dimension militante et féministe. Et c’est pour ça, avant de lancer le premier épisode de The Bold Type, que je pensais avoir affaire à une énième série clichée et que j’étais prête à me moquer gentiment du concept. Je m’étais bien trompée !
Comme dit au départ, The Bold Type est une série vraiment fraîche et divertissante. C’est aussi une série très chouette car elle met en avant l’empowerment et aborde des tas de sujets importants tout en étant adressé à un public plutôt jeune (adolescents et jeunes adultes). Pour le coup, c’est une vraie bonne surprise de la part de Freeform. Je ne sais pas si elle sera renouvelée (je l’espère), mais je serais curieuse de voir la suite.
Si vous avez aimé The Bold Type :
- GLOW : catch, girl power et féminisme
- Sweet/Vicious : girl power et pédagogie
- Master of None, le pari réussi d’Aziz Ansari
- Girlboss : self-empowerment et hypocrisie
Crédit photo : Freeform/Phillippe Bosse
12 commentaires
Vikie
12 septembre 2017 at 20 h 41 minCela fait une éternité que je n’ai pas commenté, là ça me touche cette description de série. Si j’arrive à trouver le temps je regarderai quelques épisodes, en tout cas toujours fan de tes articles même si je suis moins présente sur la blogosphere
anahaddict
12 septembre 2017 at 21 h 07 minHello ! Ca me fait plaisir que tu viennes laisser un petit commentaire ici 🙂 J’espère que la série te plaira (comme d’habitude, donne moi ton avis si tu repasses par ici). En tout cas, comme dit dans l’article, c’est un beau coup de coeur de mon côté ^^
Alichon
13 septembre 2017 at 9 h 26 minJ’ai découvert cette série très récemment aussi et finalement je me suis surprise à attendre les épisodes avec impatience ! Je suis un peu tombée de haut quand j’ai réalisé qu’il n’y avait « que » 10 épisodes et je croise les doigts pour qu’elle soit renouvelée. (Surtout comme Sweet Vicious, elle, ne l’est pas…)
De mon côté je m’identifie plus à Jane et Sutton qu’à Kat alors que je les aime toutes autant l’une que l’autre ♥
anahaddict
13 septembre 2017 at 20 h 51 minOui moi aussi j’avais hâte de visionner l’épisode de la semaine suivante ! Et c’est vrai que la saison était un peu courte…
Felicis Quill
13 septembre 2017 at 11 h 25 minCette série est dans ma liste des trucs à regarder depuis quelques temps, il va vraiment falloir que je m’y mette ! J’avais lu quelque part que c’était bien mieux que Girls, t’en penses quoi ? Personnellement je n’avais pas du tout accroché. Par contre Sweet/Vicious et Girlboss m’ont vraiment emballée, j’ai été bien déçue quand les deux ont été annulées…
anahaddict
13 septembre 2017 at 20 h 53 minAlors soyons clairs : je déteste Girls ! Cette série n’a pour moi rien de féministe et Lena Dunham est une personne toxique et problématique. Voilà, c’est dit :’) Les personnages sont exécrables, Lena Dunham a voulu faire des personnages « imparfaits parce que nous les meufs on n’est pas parfaite » mais au final ses personnages sont juste nuls, impossible de s’identifier à eux.
Bref, The Bold Type, c’est peu être un peu idéaliste sur les bords, mais qu’est-ce que ça fait du bien ! Et les sujets engagés sont vraiment traité avec justesse. Je te la conseille vivement, surtout si tu as aimé Girlboss et Sweet/Vicious (aussi super triste que ça ai été annulé…)
Felicis Quill
14 septembre 2017 at 8 h 42 minAh merci ça me rassure j’avais l’impression d’être la seule à pas comprendre le délire autour de Girls ! Envie de gifler les personnages à chaque épisode ahah
Je note ! Va falloir que je me motive à la télécharger alors ! Merci 😀
anahaddict
14 septembre 2017 at 19 h 51 minHaha je me sens moins seule aussi, je vois tellement de gens encenser Girls ça me désespère :’)
Little Things
15 septembre 2017 at 7 h 46 minJamais entendu parler de cette série mais après la lecture de ton article je le mets sur ma liste à voir ????
anahaddict
15 septembre 2017 at 19 h 47 minAhah j’espère que la découverte sera bonne 😉 Tu m’en diras des nouvelles ^^
Eva
19 septembre 2017 at 20 h 39 min» The Bold Type est une série idéale pour ne pas se prendre la tête tout en abordant des sujets importants », je ne peux pas être plus d’accord avec toi, avec ton avis tout entier d’ailleurs. Au début je me suis dite que bon, encore une série de nana qui bossent dans un univers de nana hyper stéréotypé et idéalisé (ces américains!). Mais au final c’est juste la superficie du truc, c’est bien plus que ça. C’est actuel, moderne, drôle, touchant, enfin toutes les choses (ou presque) qu’on cherche dans une série sympa maintenant.
Bon, maintenant faut que je rattrape les épisodes de retard !
anahaddict
19 septembre 2017 at 22 h 08 minJe vois que nous partageons le même avis ! 😀 Comme tu dis, on pense au début que ça va être assez superficiel.. et finalement non ! ^^ C’est même tout l’inverse