Glow : Gorgeous ladies of wrestling. Une série sur des nanas qui font du catch en body colorés dans les années 80 ? Évidemment que j’allais regarder ! Ce nouveau show made in Netflix est sorti le 23 avril dernier. Le 25, j’avais terminé cette première saison de 10 épisodes avec une grosse frustration : j’en veux encore… et je vous dis pourquoi !
Synopsis : Dans les années 80, Ruth Wilder est une jeune actrice qui peine à trouver des rôles féminins intéressants à Hollywood. Alors que son agent lui décroche une audition, elle se retrouve à rejoindre « GLOW » aka Gorgeous Ladies of Wrestling, une émission de catch féminin porté par Sam Sylvia, un réalisateur qui galère à produire de nouveaux films.
Note : Ce qu’il faut savoir avant toute chose, c’est que GLOW est une vraie émission américaine des années 80. Preuve en est avec ce premier épisode de l’émission, sorti en 1985. Alors autant vous dire que ça m’enthousiasmait encore plus.
Cet article ne contient pas de spoilers
La bande annonce
GLOW : une série feel-good et des personnages attachants
– La série nous propose une diversité de personnages franchement intéressante et surtout, un casting majoritairement féminin, évidemment. Et il n’y en a n’a pas deux qui se ressemblent, chacune est unique en son genre et franchement incroyable (avec une diversité de corps qui fait aussi plaisir, tout comme un cast diversifié avec des personnages racisés). Elles sont drôles, touchantes, agaçantes, motivantes, énervantes… mais définitivement, on ne peut pas rester indifférents !
- Il y a évidemment Ruth Wilder, jouée par la géniale Alison Brie (Community), l’héroïne de la série. Jeune actrice qui en a marre de ne jouer que des secrétaires coconnes face à des personnages masculins intéressants. Elle est tout de suite motivée par Glow et veut tout faire pour être la meilleure. Ce n’est pas un personnage parfait, loin de là (et c’est tant mieux), mais l’énergie qu’elle met en œuvre pour réussir sa carrière est franchement motivante.
- Et puis on a Carmen (Britney Young), dans l’ombre de son père et de ses frères, des stars du catch masculin (en fait, il n’y a pas vraiment de catch féminin à ce moment-là). C’est un personnage tellement attachant et feel-good. Mais Carmen a une pression monstre et on ne peut que se reconnaître dans ses insécurités.
- Sheila est aussi un personnage extrêmement intéressant et attachant. C’est définitivement l’outsider, qui s’est enfermée dans ce personnage de « loup » pour réduire les interactions sociales au maximum. Mais en réalité, Sheila a besoin d’attention et d’affection et la joyeuse « sororité » qui se crée entre les nanas de Glow réchauffe le cœur avec une séquence très touchante concernant Sheila.
- Et il y a aussi Cherry, un personnage très fort et intéressant, qui j’espère, prendra plus d’importance par la suite (et il semblerait que ce soit le cas). Ça montre aussi une des forces de la série : savoir parler des problématiques de ses personnages racisés, qui sont propres au fait qu’ils soient racisés. On en a l’exemple parfait avec Cherry.
- À noter qu’on découvre pas mal de nouvelles têtes avec Glow, ce qui est toujours sympathique. Mais parmi les têtes plus ou moins connues on retrouve la chanteuse anglaise Kate Nash (aka Britannica), Sunita Mani (Mr. Robot), Ellen Wong (Scott Pilgrim, The Carrie Diaries) et le comique Marc Maron (aka Sam Sylvia). Mais il y a aussi des athlètes comme Sydelle Noel (Cherry) et Kia Stevens (the Welfare Queen) qui est véritablement une catcheuse (sous le nom de Awesome Kong).
– L’indice était dans le titre de l’article, Glow est hyper « girl power » et féministe. Non, toutes les filles ne se tombent pas dans les bras comme une grande sororité unie et merveilleuse, mais il y a de vrais liens qui se créent et un soutien de taille entre les femmes. Et puis, bordel, voir ces nanas sur le ring, prendre ou reprendre possession de leurs corps et se battre, faire le show et se faire applaudir par un public en délire, si ça c’est pas un putain de message de self-empowerment, je ne sais pas ce que c’est ! D’ailleurs, les actrices elles-même ont appris beaucoup grâce au tournage et en sont ressortis définitivement plus fortes (comment te booster ton self-esteem en un rien de temps).
– Mais la série est aussi féministe dans les sujets qu’elle traite et qu’elle parsème au fil des épisodes, mine de rien. Évidemment nous avons ce sujet principal du catch féminin, mais pas que.
- Ce sont aussi des discussions banales sur les règles, les protections hygiéniques, le « period sex », des choses qui ne sont JAMAIS évoquées dans les séries et qui sont mises en image ici, sans que ça ne fasse forcé. Ça m’a fait d’autant plus écho que j’ai lu récemment le Grand Mystère des règles de Jack Parker, qui évoque justement ce manque de représentation des menstruations dans l’audiovisuel, rendant la chose encore plus taboue.
- Aussi, on traite de l’avortement et… ô miracle le mot « avortement » est même prononcé. Là encore, c’est quelque chose qui est (même aujourd’hui) plutôt rare à la télévision où les femmes qui tombent enceintes dans le pire des moments n’avortent pas et n’évoquent jamais cette possibilité. Ou la grossesse est magiquement terminée avec le plot twist « accident de voiture ». Bref la façon dont le sujet est traité dans Glow est franchement remarquable (comme dans Crazy Ex-Girlfriend par exemple). Je n’en dis pas trop, mais c’est vraiment fort symboliquement dans une série américaine (d’autant plus que nous sommes dans les années 80).
- Avec le catch, on joue aussi sur les stéréotypes, qui sont liés à la fois aux stéréotypes sexistes mais aussi racistes (avec The Welfare Queen, Junk Chain, Beirut, Fortune Cookie…) On est un peu pris le cul entre deux chaises : regardez ces nanas géniales en train de se battre. Mais en même temps l’émission est fabriquée pour le male gaze, on les met volontairement en body colorés et pailletés pour divertir ces messieurs. C’est là tout le paradoxe de Glow !
– Et je ne peux évidemment pas parler de Glow sans parler des années 80 dont on retrouve tout l’esthétique dans la série. Bon, c’est une période que je n’ai pas vécu (coucou j’ai 23 ans), mais évidemment j’en ai été abreuvée durant mon enfance, donc j’en connais forcément les codes. Et les brushings à outrance, fringues colorés et trop grands, c’est franchement un délice à retrouver ici. Sans oublier la soundtrack qui est évidemment parfaite, à base de Patty Smith, Barbra Streisand, Queen, Pat Benatar et bien d’autres : là encore, des sons qui donnent la pêche avec pas mal d’artistes féminines au programme. Rajoutons à ça la production léchée de Netflix et des combats captivants et/ou drôle et le combo gagnant est là. Et puis Ruth Wilder/Alison Brie a définitivement des airs de Alex Owens dans Flashdance non ?
– Un petit mot quand même sur une polémique que j’ai pu voir sur la page Facebook de Netflix (je ne retrouve plus le post en question, qui était sponsorisé), à propos d’une phrase prononcée par Sam Sylvia (dans l’épisode 4 il me semble), qui est la suivante : « Glow c’est du porno que tu peux regarder avec tes enfants. » Là, des gens se sont offusqués de cette réplique qui inciterait à la pédophilie et à l’inceste, ce qui serait donc grave. En ayant vu l’épisode (et la série donc), je ne suis pas (du tout) d’accord avec cette interprétation. Remettons les choses dans le contexte : à ce moment là, Sam essaie de convaincre le diffuseur que Glow sera génial, en argumentant que les gens vont adorer se rincer l’œil sur des nanas en petites tenues (Sam n’est pas un super allié féministe).
Le diffuseur lui répond alors que le créneau choisi et la chaîne sont plus tournés vers les enfants. Sam poursuit donc en disant que Glow sera super divertissant pour les gosses car c’est bien fun et balance ensuite cette phrase. Pour moi (et j’espère que vous avez compris la même chose), il dit que « c’est comme du porno qu’on peut regarder avec ses enfants » car enfants et adultes ne feront pas la même interprétation. Les adultes pourront se rincer l’œil car ils trouveront peut-être les nanas sexy, tandis que les enfants (qui a priori ne sont pas très au courant de toutes les facettes de la sexualité) auront leur regard d’enfant : un combat de catch fun avec des filles. On est donc dans la double interprétation et pas le fait de regarder un film porno avec ses enfants voyons…
Vous l’aurez compris, c’était un délice de binge-watcher Glow. Voilà quelques années qu’on nous sert de plus en plus de séries avec des personnages féminins intéressants et inspirants, je ne peux qu’en redemander ! Avec Glow, il est clair qu’on est dans le self-empowerment pur et simple, et ça marche du tonnerre ! Ça donne la pêche, c’est fun, drôle avec son côté drama qui te ramène à la dure réalité des choses (car on n’est pas chez les bisounours non plus). Même si je crains que la nouvelle politique d’annulation de Netflix (à cause de laquelle on a du dire au revoir à Sense8, The Get Down et Girlboss tout récemment), j’espère réellement que Glow aura droit à une deuxième saison car de nombreuses choses restent à faire !
Crédit photos : Netflix
8 commentaires
Mamzelle Laura
4 juillet 2017 at 17 h 46 minEh bien j’ai regardé les 10 épisodes dimanche, et j’en veux encore !!!
J’admire vraiment ta capacité d’analyse, parce que ton article est juste parfait 🙂
anahaddict
5 juillet 2017 at 10 h 06 minLes épisodes étaient trop courts, alors seulement 10 ça m’a frustré haha
Ohlala tu peux pas savoir comme ça me fait plaisir de lire ça 🙂 Merci beaucoup pour ce beau compliment ! J’écris toujours des pavés pour mes critiques séries et je me dis toujours que personne ne les lis ou que les gens doivent trouver ça ridicule ou quoi, alors merci pour ce commentaire qui me réchauffe le coeur ! 🙂
prettylittletruth
6 juillet 2017 at 12 h 46 minSuper, je sens que je vais me la bingwatcher ce weekend :0
anahaddict
6 juillet 2017 at 14 h 59 minAhah y’a rien de mieux que de binge-watcher ! Bon visionnage 🙂
Tequi
7 juillet 2017 at 9 h 30 minC’est marrant parce que j’en suis justement à la moitié de l’épisode 4 et j’ai vu ce matin le passage dont tu parles ! Et j’avais compris comme toi ! Les gens voient vraiment le mal et la polémique partout, c’est vraiment fatigant.
Par contre à mi-chemin, je suis moins emballée que toi pour le moment. Il me manque qqch pour que j’ai envie de binge watcher les épisodes les uns derrière les autres. Pour le moment j’en picore un de temps en temps et souvent en faisant autre chose.
Tu me diras j’ai eu du mal aux débuts de Orange is the New Black et les personnages ont mis du temps à se construire. J’espère qu’il en sera de même ici. Mais comme toi ma préférée c’est Carmen ! 😉
anahaddict
7 juillet 2017 at 10 h 48 minLa série n’est pas parfaite, toutes les blagues ne sont pas drôle et y’a quelques passages ennuyants. Mais dans sa globalité, ça m’a vraiment emballé oui 🙂 Et je pense que s’il y a une saison 2 (j’espère), on pourra en effet mieux développer les personnages, et des choses intéressantes peuvent en ressortir (la relation entre Debbie et Ruth, Cherry etc).. Carmen est vraiment géniale franchement, je l’ai tout de suite adoré ! Elle est tellement bienveillante !
Alichon
13 septembre 2017 at 21 h 40 minGros coup de cœur pour ma part, j’ai hâte de voir ce qu’il nous réserve pour la deuxième saison ! J’aimerais bien qu’on explore un peu plus certains personnages qu’on a un peu trop survolé à mon goût dans celle-ci 🙂
anahaddict
14 septembre 2017 at 19 h 30 minJ’ai tellement hâte de voir la suite moi aussi, et j’espère comme toi que certains personnages auront plus d’importance 🙂