Tout est dans le nom, l’abécédaire va donc nous faire découvrir, de A à Z, des termes liés de près ou de loin au féminisme. Comme dit plus haut, je ne vois qu’un mot pour qualifier ce livre : essentiel.
– Les Gros Mots, c’est le bouquin que je devrais avoir dans mon sac H24. Pour pouvoir le sortir à chaque fois qu’on me parle féminisme (souvent pour me reprocher ma position) et permettre d’expliquer plus simplement mes propos. Car autant, tout est toujours très clair dans mon esprit, autant certains termes ne sont pas toujours simples à expliquer. D’autant plus quand on est face à une personne qui rejette en bloc ce qu’on dit. Après, je ne suis pas non plus là pour éduquer la terre entière (vous connaissez Google, on peut lui demander plein de choses en très peu de temps, servez-vous en au plaisir), mais l’outil se révèle toutefois très utile.
– Quand on parle d’ouvrage féministe, nul doute qu’il y a foison de titres sur lesquels se jeter. Cela étant dit, ce qui me plaît ici, c’est aussi que le bouquin soit sorti en 2016. Évidemment que La Domination Masculine ou le Deuxième Sexe sont des ouvrages importants et toujours d’actualité. Mais les Gros Mots, par son aspect ultra-contemporain, permet de développer des termes très récents du féminisme.
– Et c’est ce que j’aime beaucoup dans cet abécédaire. Il aborde énormément de facettes du féminisme :
- Il y a déjà les bases. Ces termes essentiels à la construction du mouvement, car on ne les rappelle jamais trop : culture du viol, sexisme intériorisé, sexisme bienveillant, consentement, double standard, féminité, hypersexualisation, patriarcat, libération sexuelle, privilège…
- On trouve aussi quelques pans de l’histoire du féminisme, important aussi pour comprendre l’articulation du mouvement : les différents courants, les vagues du féminisme, la division sexuelle au travail, we can do it, IVG, GPA…
- On en apprend aussi beaucoup sur des termes liés aux femmes, qui posent problèmes car ils sont justement associés aux femmes, à leur corps, à leurs désirs : vulve, règles, masturbation… On y apprend des choses franchement aberrantes (qui permettront à certains d’arrêter de mettre Freud sur un piédestal, peut-être).
- Le féminisme 2.0 fait aussi entièrement partie du livre et ça m’a beaucoup plu. Car ce sont là des termes qui n’existaient pas il y a encore 10 ans pour certains. Male tears, #notallmen, mansplaining, cookie, misandrie ironique et tant d’autres. Ça permet de comprendre certains enjeux et problèmes du féminisme actuel, notamment par le prisme de l’internet et des réseaux sociaux.
– Si je connaissais déjà la majorité des mots évoqués dans l’abécédaire, j’en ai aussi découvert de nouveaux. Ou du moins, ça m’a permis de mettre un nom sur des choses que je connaissais sans savoir comment les appeler : le lipstick feminism, bi-markété, la loi de la licorne, sandwich bitch, police du ton…
– L’appréhension que je pouvais avoir face à ce livre et son format « abécédaire », c’est d’être trop succinct. On est dans un aspect « dictionnaire » et on doit parfois définir des termes assez complexes. J’avais peur de faire face à certains raccourcis ou que les choses ne soient pas expliquées complètement. Mais il n’en est rien : si certains termes peuvent être expliqués rapidement en une dizaine de lignes, d’autres ont besoin de plus d’espace et on leur donne. Ainsi je ne me suis pas du tout sentie frustrée à la lecture des Gros Mots.
– D’autant plus que l’ouvrage fourmille de sources. On nous renvoie à la lecture d’autres livres et articles. On nous donne des exemples concrets pour expliquer certains termes. C’est franchement très documenté et aussi agrémenté de pas mal de chiffres. Le tour est écrit avec parfois beaucoup d’humour… et du bon sarcasme.
– À la fin du livre, après la table des matières se trouve un « index thématique » fort sympathique et qui donne à voir de la multitude de sujets abordés : sexualités, égalité professionnelle, outil d’émancipation, genre et identités, contrôle des corps, violences faites aux femmes… Et chaque thème est accompagné d’une suggestion musicale, histoire de se faire sa playlist Girl Power : Rebel Girl de Bikini Kill, Cherry Bomb de The Runaways, Respect d’Aretha Franklin…
– Et un petit coup de cœur au passage pour les illustrations de Lucie Birant.
Sans aucun doute, Les Gros Mots est un ouvrage à avoir dans sa bibliothèque. Dans toutes les bibliothèques même. Car ce livre est accessible à tous et conseillé à tous. Il ne fera de mal à personnes (à vos privilèges seulement). Et si vous vous êtes dit « C’est quoi ça ? » à l’évocation de certains termes de l’article, foncez lire cet abécédaire sans hésitation !
Les Gros Mots, l’abécédaire joyeusement moderne du féminisme par Clarence Edgard-Rosa
14€95 sur Amazon
Si vous avez aimé Les Gros Mots :
2 commentaires
Manon
17 janvier 2017 at 17 h 02 minSuper article qui donne très envie de se procurer ce petit livre qui me semble fort utile ! Moi qui cherchait des livres sur le féminisme, c’est top ! Hop, ajouté à ma wishlist ! Merci beaucoup pour le partage 🙂
anahaddict
17 janvier 2017 at 18 h 06 minAvec plaisir 🙂 Je pense que cet ouvrage est vraiment un « must-have » ! Il pose bien les bases du mouvement féministe, explique d’où ça vient et où on en est actuellement ! D’autant plus que certains termes du jargon féministe peuvent paraître totalement obscures quand on n’est pas familier avec 🙂