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Séries

Love, une série problématique

Love est une nouvelle série Netflix. Et vous le savez, je vous dis souvent qu’une série Netflix est une série de qualité, comme Master of None ou Jessica Jones. Love est l’exception qui confirme la règle. Pourtant, c’est bien produit, ça a de la gueule et ça me faisait envie. J’étais enthousiaste et relativement séduite durant les premiers épisodes et puis.. j’ai déchanté.

Synopsis : Gus, un trentenaire un peu paumé mais visiblement sympathique, vient de se faire larguer et emménage dans une résidence universitaire. Mickey, fêtarde et déjantée, entretient une relation compliquée avec son ex. Ces deux déçus de l’amour finissent pourtant par se rencontrer et développent une certaine affection l’un pour l’autre…

Note : J’aurais aimé faire cet article sans spoiler, mais je suis obligée de le faire si je veux expliquer le fond de ma pensée sur les problèmes de la série et les actions des personnages.

Edit : Je vous parlais du livre de Mirion Malle juste ici, elle vient de publier une note sur la série juste là.

Cet article contient des spoilers


– On nous vend Love comme quelque chose d’un peu « edgy », comme une histoire d’amour qui sort de l’ordinaire, qui sort des codes habituels tout en restant ancré dans la réalité. Ça se veut un peu hipster sur les bords. Au final, on a juste quelque chose de terriblement flippant, sexiste et dangereux. Une relation que jamais au grand jamais je n’aimerai avoir, et que je ne souhaite à personne.

Love Mickey Gus
– Les personnages sont au premier abord attachants. On a une facette très humaine qui nous est montrée de Mickey et Gus. Ils sont assez drôles, ils sont outsiders, ils ont des problèmes. On a de l’empathie et on s’attache. Puis finalement, ils se révèlent aussi pathétiques l’un que l’autre. Mais pas le personnage pour qui on ressent de la pitié. Non non. Ce sont de mauvaises personnes et leurs comportements sont plus que limites. Ils accumulent cliché sur cliché.

– C’est dommage car j’ai trouvé que Paul Rust et Gillian Jacobs avaient une certaine alchimie. Dès le début, ça passe plutôt bien entre eux. On se dit que la série peut donner quelque chose d’assez chouette et que les protagonistes sont prometteurs. Mais leur évolution est pire qu’incohérente, et définitivement pas dans le bon sens. Je suis fatiguée des personnages pathétiques et mauvais qu’on nous vend comme cool et originaux (coucou Girls.. sorry not sorry). Je suis fatiguée de ces séries où c’est trop dur et déprimant d’être un blanc de 30 ans en bonne santé dans un pays safe.

– Gus est le nice guy par excellence. On le sent dès le début mais on a l’impression qu’on peut sortir de ce cliché. Finalement non. Il est ce mec qui se plaint toujours que les filles lui disent « je préfère qu’on reste amis » alors qu’il est gentil et attentif. Au final, le mec est complètement creepy, fixé à son téléphone H24 et obsédé par Mickey, qu’il vient de rencontrer. Et quand il a ce qu’il veut, quand ce cher Gus devient le tombeur et qu’il met Mickey dans son lit, il adopte l’attitude du bon gros connard. Je vais voir immédiatement ailleurs et j’ignore cordialement la personne. Je ne sais pas si Judd Apatow a décidé de réaliser un quelconque fantasme à travers ce personnage, le « looser » qui tombe toutes les meufs, mais c’est juste ridicule (à noter que Paul Rust est aussi créateur et scénariste de la série, CQFD). Gus finit même par devenir gênant. On est gêné rien que de le voir et de l’entendre parler : la scène du script en est le meilleur exemple.

– Quant à Mickey, c’est la meuf cool et en colère. La meuf un peu borderline, qui n’en a rien a foutre de tout, qui aime faire la fête et a une vie amoureuse et sexuelle bien compliquée. Puis on nous enlève tout ça et on nous montre qu’en fait, Mickey a de gros problèmes. Dès qu’elle couche avec Gus, c’est fini. Elle est amoureuse, obsessionnelle, possessive. Elle stalk en bonne et due forme. Car Mickey est une addict, à la drogue, à l’alcool et à l’amour. Mickey est malade, elle a de vrais problèmes. Et ce sujet sensible est extrêmement mal traité et c’est très problématique. On nous montre qu’être malade c’est juste être complètement cinglé et paranoïaque, être une meuf relou et obsessive…

– Car cette fin.. nom de dieu cette fin… Mickey explique à Gus son problème et que fait le mec ? Alors qu’il l’a bien ignoré et trompé les jours précédents, il lui roule une grosse pelle. Et c’est censé être romantique et trop mignon ? Non mais c’est juste flippant. Gus tire avantage de la détresse de Mickey et ça ne pose de problème à personne. OK. Leur relation est mauvaise et toxique de A à Z, cessez.

– Sinon, on parle de cet épisode ultra problématique où Mickey couche avec son patron car elle pense qu’il veut la virer, comme il a par le passé viré deux autres nanas. Elle décide de coucher avec pour qu’il ne puisse pas la virer, car s’il le fait, elle portera plainte pour viol. Où comment décrédibiliser les femmes dont les boss profitent réellement de leur statut de dominant. Toujours sympathique.

Love Gus Arya
– Et d’un autre côté, les personnages secondaires sont bien meilleurs. J’ai beaucoup aimé la colocataire de Mickey, Bertie. C’est une vraie bonne personne et elle est très attachante. Malheureusement elle est manipulée par Mickey qui profite allègrement de sa gentillesse pour en faire ce que bon lui semble. Au début on nous présente même une galerie de personnage assez sympa : les voisins de Gus, les membres de l’équipe de la série Wichita, où travaille Gus.. Même Arya, l’enfant star qui semble être une petite peste, se révèle avoir plus de profondeur que les deux trentenaires ridicules. Mais ce n’est pas assez exploité et mis en avant, alors que ces personnages pourraient un peu sauver les meubles.

– Pour me calmer un peu je dirais aussi que la soundtrack est sympa, c’est un élément que j’ai apprécié. Les titres de fin d’épisodes étaient cool aussi. C’est toujours ça à prendre !

– Finalement, je me demande pourquoi je suis surprise. Comme je l’ai dit, la série est de Judd Apatow. JUDD APATOW. En cloque, mode d’emploi (entre autres, mais c’est l’exemple le plus flagrant). À quoi je devais m’attendre sérieusement ? On nous ressort sensiblement le même schéma du mec looser, du nice guy qui serre quand même la nana canon. Mais l’inverse serait totalement proscrit sur nos écrans évidemment (voire cette note de Mirion Malle). Bref Love est problématique et l’est encore plus car cette histoire d’amour toxique nous est montrée comme quelque chose de romantique, qu’on est censé envier. Non merci.


Vous l’aurez compris, avec Love, c’est vraiment la déception. La série a une photographie assez sympa, les acteurs ne sont pas mauvais et on aimerait vraiment que ça fonctionne. Mais les actions des personnages et le message véhiculé est vraiment flippant et dangereux. Ensuite on s’étonne des comportements des gens dans la réalité, avec de tels modèles télévisuels, ça fait peur. J’espérais que la série ne soit pas renouvelée, mais une saison deux est déjà prévue pour 2017.. Et quand je lis des critiques comme celle de Télérama, mettant sur un piédestal les relations où les gens se font du mal et se manipulent, j’ai peur un peu. Car on peut faire des histoires d’amour qui sortent du schéma classique sans tomber dans ce genre de travers, vraiment.

Crédit photos : Netflix

16 commentaires

  • Emma
    3 mars 2016 at 23 h 33 min

    J’hésitais à regarder cette série, mais j’ai quand même lu ton article malgré les spoilers parce que pour une fois ton avis différait un peu de celui que je lis en ce moment… et si les personnages sont dans la même veine que ceux de Girls je ne crois pas que je vais me lancer. Je regarde toujours Girls, je persiste un peu, mais ça m’agace moi aussi de voir des personnages immoraux qu’on essaie de rendre cool, auxquels il est impossible de s’attacher parce qu’ils sont vraiment désagréables au fond… (Genre Hannah quoi haha).

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    • anahaddict
      4 mars 2016 at 8 h 39 min

      Je ne me souviens même pas des noms des personnages dans Girls, car j’en ai vu très peu. Il faudrait que je me penche plus sur cette série pour formuler une vraie critique, mais j’ai pas la foi.. En tout cas, quand j’ai vu Love, j’ai de suite pensé à Girls vis à vis des personnages et de la façon dont on nous vend la série : différente, un peu subversive avec des personnages cool et originaux : NOPE

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  • Céline
    4 mars 2016 at 9 h 17 min

    Totalement d’accord avec toi ! Même si ce n’est pas une énormissime déception, j’ai eu quasiment le même ressenti. Tant pis et heureusement que les autres séries Netflix rattrapent le coup!

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    • anahaddict
      4 mars 2016 at 21 h 39 min

      Oui heureusement que la majorité des séries Netflix sont de qualité ! Mais là je suis vraiment déçue.. et choquée par le message que véhicule ce show..

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  • Electra
    4 mars 2016 at 20 h 52 min

    Je viens de prendre Netflix, et j’ai vu cette série .. mais bon Judd Apatow : j’aime pas donc déjà … et là ton billet finit de me convaincre ! J’ai vu 3 épisodes de Girls et j’avais trouvé ça nul. Bref, pas assez hipster sans doute ..

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    • anahaddict
      4 mars 2016 at 21 h 40 min

      Haha bon et bien définitivement, cette série n’est pas pour toi ! Epargnes toi ça, vraiment 😉

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  • Doriananas
    6 mars 2016 at 11 h 29 min

    Rien que la bande-annonce m’avait mis hyper mal à l’aise donc je n’ai aucun regret de ne pas l’avoir regardé !

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    • anahaddict
      7 mars 2016 at 12 h 42 min

      En effet tu peux le dire : aucun regret ! Moi je regrette par contre.. haha

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  • Alichon
    14 septembre 2017 at 8 h 56 min

    Je suis un peu plus mitigée parce que j’ai adoré la série 😀
    Par contre, je ne supporte pas Gus.
    Je peux cependant comprendre ton avis, je serais même tentée de le partager si je ne retrouvais pas certains aspects de ma personnalité et de celle de mon copain en Mickey en fait. Clairement pas tout (la scène avec son supérieur m’a mise incroyablement mal à l’aise…)
    Je pense, par exemple, à la scène avec son père dans un bar qui la pousse à la boisson car il ne croit pas au principe du sevrage. Ou celle où elle se rend sur le lieu de travail de Gus et qu’elle fait une scène. Bon, je n’ai jamais été jusque là mais disons que j’ai le bagage pour comprendre comment on peut en arriver là, justement. Et mon copain aussi. Néanmoins je ne dis pas que ces personnages sont à idéaliser ou à prendre en exemple, que du contraire, mais c’est précisément pour ça que j’ai bien aimé la série 😀
    Par contre je peux pas supporter Girls, je ne suis pas parvenue à terminer la première saison.

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    • anahaddict
      14 septembre 2017 at 19 h 44 min

      Il y a des aspects intéressant dans le personnage de Mickey, mais à chaque fois c’est tourné de manière problématique à la fin et surtout : je trouve qu’on élude trop le fait qu’elle ai une addiction (que j’apparente à une maladie) et que c’est ça qui altère son jugement et son comportement. Non là on l’a fait trop passer pour « la meuf casse couille de base » et les personnages (Gus) profitent de ses addictions sans que ce soit montré comme tel…

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      • Alichon
        25 septembre 2017 at 20 h 00 min

        A l’avenir j’aimerais bien qu’ils aient un peu plus en profondeur avec ses addictions, c’est certain. Et Gus… bah on s’en passe 😀 Maintenant de mon point de vue il a quand même de sacrés problèmes relationnels aussi…

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  • LesLochesDeBerthie
    3 mai 2018 at 2 h 59 min

    Ou alors tu peux juste regarder la série sans analyser, la prendre telle quelle ? Putain insupportable les gens comme toi.

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    • anahaddict
      3 mai 2018 at 8 h 19 min

      Ou alors je fais bien ce que je veux parce que ce blog est mon blog ¯\_(ツ)_/¯ et à partir du moment où tu arrives sur un blog qui parle de séries attends toi à avoir un avis sur ladite série (et possiblement un avis différent du tien)

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  • Alive47
    11 août 2020 at 14 h 45 min

    Pour ma part, c’est précisément ça que j’aime : cette façon de brosser des personnages imparfaits, parfois détestables, d’autre fois attachants. Nos émotions vis à vis d’eux oscillent constamment. Gus, je l’aime bien parce que parfois je me reconnais en lui, d’autre fois il m’est insupportable. Je trouve que c’est une écriture fine, qui nous bouscule plus qu’elle cherche à nous faire rire.

    Apatow a toujours écrit de cette manière. Revoyez des films comme Funny People par exemple. Il use souvent de gros clichés pour construire des ressorts comiques (gros geek, femme un peu trash, femme carriériste), mais il s’amuse ensuite à effriter ces clichés, à incorporer des moments plus “vrais” au milieu de son comique de situation. La comparaison est peut être trop exagérée, mais moi ça me fait penser à du Tchekhov par moment. Même manière de déjouer nos attentes, même façon de dessiner en surface des personnages que l’on pense comprendre, que l’on aime cerner, puis à faire surgir par moments des comportements inattendus, dérangeants ou touchants. Apatow a quelque chose de Tchekhovien dans cette façon de mêler attentes et surprises.

    “Bref Love est problématique et l’est encore plus car cette histoire d’amour toxique nous est montrée comme quelque chose de romantique, qu’on est censé envier”

    Non, c’est votre sentiment. La série ne nous invite jamais à envier leur relation. Elle nous montre seulement deux personnages qui se sentent “losers” et qui essaient de trouver un équilibre personnel dans leur relation. Une histoire d’amour toxique ? C’est toute la réflexion que porte la série justement. Elle est bancale cette histoire d’amour, mais est-elle toxique ? Pour eux visiblement non. C’est une relation imparfaite, mais qui les aide.

    “Ensuite on s’étonne des comportements des gens dans la réalité, avec de tels modèles télévisuels”

    Arrêtez de chercher dans les oeuvres d’art des modèles moraux. Une oeuvre n’a pas à être moralement correcte. Love c’est simplement une histoire d’amour bancale, faite de couacs, d’imprécisions, de personnages plein de problèmes. La vie quoi. Il faut prendre la chose par l’autre bout : souvent les oeuvres intéressantes ne sont pas celles qui dictent ce que la société devrait être, mais celles qui montrent ce que la société est, dans toutes ces imperfections. Par exemple ici : le patron imbu de lui-même qui harcèle Mickey. Ce n’est jamais montré comme quelque chose de bien, au contraire ! Mais ça existe, et donc la série le montre.

    “On nous ressort sensiblement le même schéma du mec looser, du nice guy qui serre quand même la nana canon. Mais l’inverse serait totalement proscrit sur nos écrans évidemment.”

    Si “nos écrans” se résument aux séries et films américains récents, oui peut être. Mais le cinéma est bien plus large que ça, et on trouvera beaucoup de films qui vont vers des manières de raconter étrangères à cela.
    D’ailleurs, pendant longtemps, le cinéma US faisait des “loosers” de simples side kick. Ce n’est que récemment qu’on a pu voir des “geeks” érigés en personnages principaux. Apatow y a beaucoup contribué dans la comédie US, probablement parce qu’il parle de ce qu’il connaît.
    Et pour donner un élément de contradiction : le film Crazy Amy du même Apatow ne parle-t-il pas d’une femme rondouillette (pas la bimbo habituelle) qui serre des tas de mecs, et qui finit par tomber amoureuse d’un mec contre toute attente ?

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  • Mars
    27 juillet 2021 at 7 h 26 min

    Je suis tombé totalement par hasard sur cet article après avoir découvert la série en 2021.
    Pour le coup je ne partage pas du tout le point de vue donné ici.
    J’ai l’impression que vous n’avais rien compris à la série.

    Plusieurs points me gênent mais la liste est trop longue pour être développée ici alors je vais faire un bref résumé de ma pensée.

    Pour commencer je dirais que vous avez trop d’aprioris sur ce qu’est sensée être une bonne ou une mauvaise histoire d’amour, de ce qui est sensé être montré à l’écran ou caché à tous, vous arrivez à caser l’adjectif « hipster » pour décrire une série ? Oo…

    Quand vous parlez des héros comme deux personnages blancs et en bonne santé, je me dis que vous êtes passée à côté du script et forcément votre jugement en pâtis.

    Quand vous faites croire à vos lecteurs que le film est plein de clichés, (certes il y en a), vous passez à côté du sens de ce qui se passe.

    Cette série c’est l’histoire d’une relation sincère.
    Pas la sincérité d’un personnage envers un autre non.
    C’est l’histoire de la sincérité d’un personnage vis à vis de lui même, vis à vis de ses vices, ses souffrances, ses contradictions …

    Je ne pense pas que vous ou moi soyons apte à juger les personnes. Quand vous dites que ces personnes sont détestables, je dirai plutôt qu’ils commettent des actes qui sont des plus détestables à des moments de leur vie où ils sont les plus vulnérables. C’est cette fragilité et cette sincérité que selon moi le scénariste a voulu transmettre.

    Je pense que cette série mérite d’être regardée pour ce qu’elle est et non pas pour ce qu’on voudrait qu’elle soit. Et c’est peut être dans ce sens qu’elle sort de l’ordinaire.

    Voilà pour un point sommaire, mais il y aurait tant à dire…

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  • Eugenie
    15 août 2021 at 0 h 34 min

    Vous devriez regarder la série jusqu’à la fin, l’histoire et la morale sont plus subtile que ça, on le comprend dans les deux autres saisons 🙂

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