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Séries

unREAL, les dessous de la realTV

Cet été, une nouvelle série est apparue sur la chaîne américaine Lifetime : unREAL. Je ne savais rien de celle-ci avant de me lancer dans son visionnage. Ce sont des tweets très positifs à son sujet, que j’ai vu apparaître dans ma timeline Twitter, qui ont piqué ma curiosité. Au final, je n’ai absolument pas été déçue et place même unREAL dans les meilleures séries que j’ai pu découvrir ces derniers mois.

Synopsis : Everlasting est une émission de télé-réalité américaine ou Adam Cromwell, britannique venant d’une riche famille d’hôteliers, va venir chercher l’amour, surtout pour redorer son image et s’émanciper de ses parents. Rachel Goldberg travaille sur l’émission en tant que productrice sur le terrain. Son rôle est de manipuler les candidats afin d’obtenir le drama nécessaire pour faire vivre l’émission, produite par Quinn King, prête à tout pour que l’audience soit au rendez-vous.

Cet article ne contient pas de spoilers


– Ce qu’il faut savoir avant de regarder unREAL, c’est que l’une des co-créatrices, Sarah Gertrude Shapiro, a bossé durant trois ans sur le Bachelor américain, avant de quitter ce milieu qu’elle jugeait complètement lamentable. Cette information rajoute probablement beaucoup de véracité aux événements qui se déroulent dans la série. En effet, Shapiro a dû obligatoirement tenir compte de son expérience dans le milieu pour écrire unREAL ; notamment la façon dont la production choisie les filles, leur donne un rôle (la méchante, la vierge, la mère célibataire désespérée, la nymphomane..), les manipule, manipule l’image et le téléspectateur.

– Et justement, cela est un point très intéressant de la série. unREAL. Tout est vrai et tout est faux à la fois. Ce qui se passe est réel, mais à quel point étant donné que les actions sont les conséquences des manipulations de l’équipe sur les candidates. On découvre donc les dessous très sombres de ce type d’émissions. Le racisme avec les candidates noires qui, si elles veulent rester dans la compétition, doivent tenir le rôle de la « meuf du ghetto vulgaire ». Les candidates qui ont des problèmes de santé, mentaux la plupart du temps. En réalité, tout ces éléments nous sont bien familiers. En France par exemple, on a pu voir bon nombres de candidats fragiles psychologiquement, mis sur le devant de la scène durant des mois pour retourner dans l’ombre instantanément. A la clé pour ces derniers : dépression, tentative de suicide, suicide ; grande joie donc..

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– D’ailleurs, cette émission qui reprend les codes du Bachelor est nommée Everlasting, en référence évidemment à l’amour éternel qu’est censé trouver le candidat au terme de la compétition. En référence aussi à ce renouvellement éternel des émissions de dating. Au États-Unis, le Bachelor en est à sa 19è saison.. En France, on continue de voir des Qui veut épouser mon fils, l’Amour est aveugle, et autres joyeusetés du même effet. Dans sa façon de montrer les choses, unREAL m’a un peu fait penser à Black Mirror, excellente série britannique. Notamment à l’épisode 15 Millions Merits (saison 1, épisode 2), qui traite des émissions de télévision. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, ces deux séries sont bien différentes, mais il y a une similitude dans le message qu’elles font passer.

– Ce que l’on note aussi, c’est la chaîne sur laquelle est diffusée la série : Lifetime. Cette dernière est créatrice de nombreux show de télé-réalité (Dance Moms, 7 Days of Sex) ou de téléfilms niais soit disant destinés aux femmes. A noter que de 1994 à 2006, le slogan de la chaîne était « Television for women », sans commentaires… Ainsi, unREAL s’affiche comme une belle claque dans la gueule à la chaîne sur laquelle elle est produite, un écho sur ce qui s’y déroule peut-être en coulisse.. Ça m’a également fait penser à Community qui avant d’être annulé et repris par Yahoo, était diffusé sur NBC. La série ne s’empêchait pas de lancer des piques à la chaîne qui l’a vu naître (même après sa reprise sur Yahoo d’ailleurs).

– Au-delà de cette mise en image réussie des travers de la télé-réalité, la série questionne également le féminisme. A la tête d’unREAL et de l’émission Everlasting, deux femmes : Quinn King et Rachel Goldberg. Toutes les deux ont des places très importantes au sein de l’émission et font preuve, à plusieurs reprises, de leur force de caractère, de prises de décisions cruciales, de leur indépendance etc. Et pourtant… elles passent toutes les deux leur temps à tromper, mentir, manipuler d’autres femmes. Peut-on être féministe en s’en prenant de la sorte aux femmes ? Est-ce pour cela que Rachel porte un t-shirt « This is what a feminist looks like », pour se persuader de ses convictions, qui se contredisent au fil de ses actions dans Everlasting ? Les deux femmes sont en conflit constant avec cela. Elles avancent, ont des positions importantes et pourtant, elles se voient également retenues et/ou blessées par des hommes. Mais en plus de ça, la relation entre Rachel et Quinn est très forte. Sans trop en dire, on pourrait presque parler d’un « je t’aime moi non plus », d’une attraction-répulsion, d’une amitié très complexe mais très forte à la fois.

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– Et c’est là un autre point fort de la série : la qualité de ses personnages, de leur psychologie, leur diversité, leurs relations. Si beaucoup passent d’abord pour des caricatures – et c’est le but étant donné que l’émission tente de leur imposer un rôle -, ils finissent par afficher une personnalité bien plus profonde et développée. Et surtout, on prend le temps de s’intéresser plus sérieusement à presque chacun des personnages, que ce soit des membres de l’équipe ou des candidates. Avec ça, on vient questionner une multitude de sujets : les relations amoureuses, l’orientation sexuelle, la dépression, les agressions, les maladies mentales, la réputation, l’image (bon ok, là comme ça, ça déprime un peu). Tout cela est aussi renforcé par le casting vraiment excellent. On y croit vraiment et on se voit nous même perturbés par ce titre « unREAL ». Si la mise en scène n’était pas si soignée, on se croirait presque dans un documentaire.

– D’ailleurs, c’est vraiment Shiri Appleby, alias Rachel Goldberg, qui sort son épingle du jeu. Reléguée à des rôles qui n’ont pas forcément fait mouche tout au long de sa carrière (Roswell et autres téléfilms guimauve ..), Shiri Appleby décroche là un rôle qui marque définitivement et qui lui permet de mettre en avant ses talents d’actrice. En visionnant la série, j’ai juste envie de lui donner tous les awards qu’elle mérite. On n’arrive absolument jamais à comprendre Rachel, à deviner ce qu’elle pense et ce qu’elle s’apprête à faire. En plus d’être terriblement convaincante, on en ressort toujours surpris.

– Cela est aussi dû à la qualité évidente du scénario. Même si quelques éléments de mise en scène sont parfois prévisibles, la surprise est toujours au rendez-vous. Jusqu’à la dernière minute. Les émissions de télé-réalité sont toujours très prévisibles. Il y a des points forts qui doivent revenir, saisons après saisons comme l’ex du bachelor, la candidate jetée qui revient en colère etc.. Pourtant, unREAL dépasse cela et arrive à retourner le scénario dans tous les sens en quelques secondes, aussi bien au niveau du show télé en lui-même, que sur les storylines qui gravitent autour.

– Du coup, je n’ai absolument aucune idée de la façon dont va se dérouler la saison deux (ouf c’est renouvelé). En effet, on pensait voir la deuxième saison se dessiner au fil des épisodes et pourtant, le season finale est venu tout mettre en l’air. On repart à zéro. J’avoue que cela renforce vraiment l’impatience que j’ai de la découvrir, en espérant tout de même qu’on ne tourne pas en rond avec ce type de sujet. Mais très sincèrement, je ne pense pas.


Des défauts ?

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– Il y a peu de choses qui m’ont gêné dans cette saison. Pour chercher la petite bête, je dirais que les affiches de promo de la série ne font pas franchement envie, ne lui rendent pas justice et n’affichent pas le charisme dont font preuve les acteurs. Mais l’aspect racoleur des affiches et probablement volontaire. C’est ce qui est directement mis en avant dans la promotion d’une télé-réalité, du coup c’est assez logique que les producteurs de la série aient voulu montrer cet aspect, pour jouer une nouvelle fois sur ce terme « unreal ». Plutôt intelligent au final non ? (vous avez vu comme j’ai du mal à critiquer aujourd’hui).

– Sinon, je trouve ça un peu dommage qu’on vienne encore nous coller des triangles amoureux un peu partout. Même s’il y a toujours quelque chose de particulièrement original dans la façon dont c’est traité dans la série, on en a un peu marre de ces storylines vues et revues.

 Crédit photos : Lifetime

7 commentaires

  • Vampaiaa
    13 août 2015 at 8 h 27 min

    Tu m’as donné envie de regarder tiens! Moi qui suis très peu série, je pense que celle-ci pourrait être sympathique.
    On sait s’il va y avoir plusieurs saisons?
    J’avais peur de m’ennuyer dans le train début septembre en partant dans le Sud, mais dès que je termine Sailor Moon Crystal (bah quoi ^^’) je la télécharge !
    ++ 🙂

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    • anahaddict
      13 août 2015 at 11 h 32 min

      Il y a une saison deux qui est déjà prévue 🙂 Après c’est comme tout, c’est suivant les audiences.. Mais la S1 a très bien marché 🙂 En tout cas, si tu regardes, n’hésites pas à me donner ton avis, surtout si tu n’es pas trop série, c’est bien d’avoir un retour ^^

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  • Vampaiaa
    24 août 2015 at 10 h 21 min

    J’ai commencé la série suite à ton article et des échos très positifs et je suis absolument pas déçu. Je trouve ça violent et poignant psychologiquement parlant.
    Par contre la vieille histoire d’amour Rachel/Jeremy … Bon je pense pas que ça soit nécessaire, Rachel est un personnage assez fort et une histoire d’amour ne la met pas en valeur

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    • anahaddict
      24 août 2015 at 12 h 46 min

      Ah je suis contente que ça te plaise 🙂
      Jeremy est le personnage le plus useless de cette série..

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  • banks
    27 novembre 2015 at 11 h 50 min

    hellonice jfdjzs 🙂

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  • Sweet Judas
    17 mai 2017 at 14 h 50 min

    Je ne sais pas si je parlerais de série « sympathique » concernant UNreal, ahah (cf. le premier commentaire). Si on n’est pas préparés à se faire détruire toute once de naïveté et d’espoir qui resterait dans notre corps, le visionnage est tout de même violent… Nécessaire, mais violent 😀

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    • anahaddict
      17 mai 2017 at 16 h 58 min

      Ahah on est d’accord qu’on est pas là pour enfiler des perles quand on regarde unREAL (j’adore cette expression). D’ailleurs j’ai vu qu’ils avaient terminé le tournage de la saison trois, hâte de voir ça ! 😀

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